La diplomate française a été en poste dans trois ambassades clés : Pékin (2011-2014), Londres (2014-2017) et Moscou (2017-2019). Auteure d’un essai sur les conséquences du Brexit, « Goodbye Britannia », paru en janvier, elle livre ici sa vision du rôle de la Chine, du Royaume-Uni et de la Russie dans un monde marqué par la crise des démocraties et la pandémie.
Première femme diplomate à avoir été élevée à la dignité d’« ambassadeur de France » (titre conféré à un petit nombre de diplomates), Sylvie Bermann est venue à la rédaction des Échos Week-End pour nous confier quelques-uns de ses souvenirs les plus forts. Des moments marquants qui tous disent quelque chose du monde de 2021, happé par les conséquences de la pandémie, la rivalité sino-américaine, l’accélération du progrès technologique et les suites du Brexit.
La Chine, une ascension inédite en seulement trente ans
La Chine est depuis trente ans un exemple unique de développement économique rapide, suite à une transition politique qui a vu la fin de la Chine maoïste. En 1976, lors de la mort de Mao Zedong, la bande des Quatre est arrêtée et cela marque la fin d’une ère. Les universités, fermées aux enfants de cadres, ré-ouvrent leurs portes pour former une nouvelle génération qui est actuellement au pouvoir. La Chine a connu une ascension fulgurante en trente ans, comparable à ce que d’autres nations ont accompli en trois siècles.
Le succès de ce développement économique est illustré par la ville de Shenzhen, qui est devenue la Silicon Valley chinoise. En 1979, lors d’une visite, la ville n’était qu’un champ avec deux bâtiments en construction. Les autorités chinoises ont présenté la création d’une zone économique spéciale qui sera le prochain Hong-Kong, ce qui a suscité du scepticisme. Trente ans plus tard, la ville compte 11 à 14 millions d’habitants et a affiché des croissances annuelles jusqu’à 25%. La région est désormais le laboratoire du monde plutôt que son usine : C’est la Silicone valley
Le Royaume-Uni, le pari du Global Britain au risque de la Little England
L’article extrait des ECHOS est centré sur trois événements majeurs ayant eu lieu ces dernières années au Royaume-Uni : le référendum sur l’indépendance écossaise en 2014, le référendum sur le Brexit en 2016 et la saison 4 de la série «The Crown» en 2020.
Le premier événement, le référendum sur l’indépendance écossaise, a été un enjeu important pour David Cameron, Premier ministre de l’époque, qui a mobilisé les chefs d’entreprise pour faire campagne contre l’indépendance. Bien que le référendum ait échoué en 2014, le Royaume-Uni fait face à une nouvelle menace d’indépendance de l’Ecosse aujourd’hui.
Le deuxième événement, le référendum sur le Brexit, a été une surprise pour beaucoup de monde, y compris les politiques, les bookmakers et les médias. L’article souligne que les frustrations de la population ont peut-être été mal mesurées, ainsi que l’évolution des partis politiques.
Enfin, la saison 4 de la série « The Crown » met en avant les fantômes de l’affaire Diana et les critiques envers le prince Charles. L’article évoque également l’interview d’Oprah Winfrey avec le prince Harry et Meghan, qui rappelle le précédent d’Edouard VIII.
L’article aborde également la personnalité de Boris Johnson, présenté comme un menteur invétéré, mais capable de se montrer solidaire lors d’attentats et de se rendre sympathique auprès du peuple.
En somme, l’article souligne l’importance des événements récents dans l’histoire politique et culturelle du Royaume-Uni, ainsi que les enjeux à venir pour le pays.
La Russie, voisin incontournable des Européens
11-13 septembre 2018, rapprochement sino-russe à VladivostokL’article extrait des Echos traite du rapprochement sino-russe à Vladivostok lors du Forum économique oriental organisé chaque année pour encourager les investissements étrangers dans l’Extrême-Orient russe. Xi Jinping était invité d’honneur et ce forum illustre l’évolution des relations entre la Chine et la Russie. La relation devient un véritable partenariat en raison des sanctions hostiles de l’Occident vis-à-vis de la Russie, qui pousse cette dernière à se tourner vers la Chine. Le rapprochement s’accompagne d’une coopération dans les domaines militaire et spatial. Les Russes voudraient inciter les Chinois à investir dans l’Extrême-Orient russe, mais ces derniers investissent surtout dans la partie occidentale du pays. Cependant, la peur supposée de la Russie d’une invasion chinoise est infondée. Vladivostok est une ville « totalement blanche » et russe, où on vit de la même manière qu’à Moscou, alors qu’elle est à deux heures de vol de Pékin. En somme, la Chine et la Russie poursuivent leur rapprochement en dépit des craintes de l’Occident.
19 août 2019, Poutine et Macron négocient à Brégançon
Emmanuel Macron a invité le président russe Vladimir Poutine dans sa résidence d’été de Brégançon juste avant le sommet du G7 à Cannes. Les deux dirigeants ont discuté des conflits gelés et M. Macron a présenté ce qu’il a appelé un « programme de confiance et de sécurité », affirmant que les crises ne peuvent être résolues sans négocier avec la Russie. M. Macron est depuis longtemps convaincu qu’il faut essayer de « distancer » les relations entre Moscou et Pékin, mais il est peu probable que cela se produise, même si M. Poutine se rapproche de l’Europe, car il est probable qu’il garde les deux options ouvertes. Les deux présidents ont eu un entretien en tête-à-tête de plusieurs heures, suivi d’un long dîner, au cours duquel ils ont semblé bien s’entendre. Ils ont décidé d’organiser une réunion au format Normandie (France-Allemagne-Russie-Ukraine) à Paris, où M. Poutine a rencontré pour la première fois le président ukrainien, M. Volodymyr Zelensky. Le sommet a eu des effets positifs, notamment des échanges de prisonniers et un cessez-le-feu. En Occident, Poutine est perçu comme un personnage très froid qui ne sourit jamais, alors qu’en Russie, il est connu pour ses rires et ses plaisanteries.
17 janvier 2021, Alexeï Navalny rentre à Moscou pour s’y faire arrêter
La gestion de l’affaire Navalny par le gouvernement russe a été qualifiée de désastreuse. En effet, l’activiste n’avait ni le soutien de la population, ni même de certains opposants qui le jugeaient trop égocentrique. En 2018, il a refusé de soutenir les candidats démocrates opposés à Poutine, prônant l’abstention, ce qui n’a pas plu à la population.
Cependant, depuis qu’il est devenu une victime et qu’il a eu le courage de rentrer en Russie, il y a eu plus de gens dans la rue que d’habitude. Pour autant, cela ne signifie pas que Poutine est sur le point d’être renversé. Les Occidentaux sont souvent enclins à prendre leurs désirs pour la réalité.
La Russie reste un membre permanent du Conseil de sécurité et le plus grand voisin de l’Union européenne, donc il est important de communiquer avec elle. Le général De Gaulle avait d’ailleurs déclaré lors de sa visite en Union soviétique en 1966 : « C’est une visite de la France éternelle à la Russie éternelle. »
Il est important de noter que la Russie a la capacité de riposter aux sanctions économiques, donc il est important de ne pas prendre de décision hâtive. Le Kremlin se préoccupe surtout de l’ordre intérieur et de la stabilité politique du pays.
En conclusion, l’affaire Navalny a mis en lumière le désaccord entre les gouvernements occidentaux et celui de la Russie. Cependant, il est important de garder à l’esprit l’importance de communiquer et de ne pas prendre de décisions précipitées qui pourraient causer plus de mal que de bien.