Éditions Tallandier

« Comment j’ai vu le monde changer »

Dans son ouvrage «Madame l’ambassadeur, de Pékin à Moscou, une vie de diplomate», Sylvie Bermann évoque les personnalités de Xi Jinping et de Vladimir Poutine, qu’elle a pu suivre, ès qualités. «Les Chinois nous considèrent comme romantiques. Ils sont pragmatiques», note-t-elle au passage. Quant aux Russes, elle souligne, à juste raison, qu’«ils sont profondément patriotes d’autant qu’ils perçoivent leur pays comme une forteresse assiégée par les ennemis, suédois, polonais et autres du temps de l’empire, américains, otaniens depuis». Et de constater à propos des sanctions économiques infligées à la Russie qu’elles «pénalisaient d’ailleurs davantage les entreprises européennes que les entreprises américaines, qui recevaient généralement le feu vert du Trésor leur permettant incidemment de récupérer les contrats perdus par les Européens». Autant de considérations qui peuvent éclairer le contexte actuel de la guerre en Ukraine.

Éditions Stock (31 janvier 2021)

Le vote du Brexit en 2016 a marqué le début d’une ère populiste où l’expertise et les faits sont rejetés au profit des passions négatives. Ce mouvement a été observé dans divers pays, avec des thèmes tels que la haine des élites, le rejet de l’immigration et un réflexe identitaire fondé sur la nostalgie d’un âge d’or fantasmé. Cela a également été renforcé par la montée en puissance de mouvements populistes dans d’autres nations, tels que le mouvement 5 étoiles et la ligue de Salvini en Italie, ainsi que l’AFD en Allemagne et les gilets jaunes en France. La pandémie de Covid a accentué ces tendances, et maintenant le monde se définit en fonction de la rivalité entre la Chine et les États-Unis, ce qui façonnera les décennies à venir. Dans ce contexte, le Royaume-Uni, malgré sa « global Britain », se retrouve pris entre Pékin et Washington, limitant ses choix plutôt que de les élargir. L’Union européenne doit rester solidaire pour préserver sa liberté et jouer le rôle d’une puissance d’équilibre.